Rappel : Extrait n°30
Fondamental : Le Contemporain
Lorsqu'on parle de style musical "contemporain", on parle de la musique savante écrite au cours de la 2ème moitié du XXe siècle jusqu'à nos jours. le terme "contemporain décrit toutes les compositions en quête d'univers sonores inouïs, créant des rencontres dissonantes[1], cherchant de nouveaux modes de jeu, provoquant des atmosphères étranges, cassant les codes formels, imaginant de nouveaux concepts d'écriture musicale. Le résultat surprend, dérange parfois (au même titre que tel que l'art abstrait) car il utilise le matériau brut pour lui-même et non dans le but de le rendre beau.
Krzysztof Penderecki (1933)
Krzysztof Penderecki (1933) est un compositeur polonais du XXè siècle qui a exploré de nouveaux univers sonores. Il utilise des bruits, produits par des instruments traditionnels ou mélangés au son de ceux-ci. Il utilise aussi les clusters, du chromatisme et des glissandi[2]. Penderecki écrit de nombreuses œuvres pour le répertoire sacré, mais également de la musique pour orchestre (concertos et symphonies) et pour petit ensemble, sans oublier des opéras. Il composera également des œuvres électro-acoustiques dans la lignée de Pierre Henry et Pierre Schaeffer, le tout dans un langage atonal[3] avec de nombreuses dissonances[1]. |
Analyse
La composition, datée de 1960, s'appelait à l'origine 8'37"(ou parfois 8'26") et n'avait donc pas directement de relation avec le bombardement atomique sur Hiroshima, le 6 août 1945. Le 12 octobre 1964, K. Penderecki écrit cependant : « Puisse le Thrène exprimer ma ferme conviction que les sacrifices d'Hiroshima ne soient jamais oubliés et perdus. » - Formation : musique instrumentale pour 52 instruments à cordes - Répertoire : profane / savant - Genre : le mot "Thrène" est un terme venant de la Grèce antique qui désigne un chant funèbre rappelant la vie du défunt. Dans la même idée, certaines œuvres dans la même intention s'appelle des "Tombeaux". - Forme : libre. En prenant du recul sur l'œuvre, on s'aperçoit que celle-ci ne raconte rien. Elle ne fait qu'évoquer des ambiances et le sentiment de détresse et d'angoisse liés à une réalité historique, celle du bombardement d'Hiroshima. - Caractéristiques d'écriture : la musique utilise l'ensemble des instruments à cordes de manière non conventionnelle (sons suraigus[4] en clusters[5], glissandi[6], mode de jeu percussif[7] (en frappant les cordes avec l'archet) dans une organisation complexe de la polyphonie (contrepoint[8]). On peut rapprocher cet hommage de celui fait par Penderecki en 1967 aux victimes des camps de concentration: "La grande Apocalypse [Auschwitz], ce grand crime de guerre, est incontestablement dans mon subconscient depuis la guerre où j'assistai, enfant, à la destruction du ghetto de ma petite ville natale, Debiça [près de Cracovie]". |
Complément :
Œuvre hommage: Toccata du tombeau de Couperin (1917) de Maurice Ravel
Formation de percussions : Ionisation (1931) d'Edgar Varèse
Formation instrumentale du XXè : Canticum Canticorum Salomonis (1970) de K. Penderecki
Utilisation des glissandi, du piano préparé : Silentium, extrait de tabula rasa (1977) d'Arvo Pärt