Rappel : Extrait 29
Fondamental : Le Romantisme
1830, date de la composition de la Symphonie fantastique par Hector Berlioz, marque officiellement pour l'histoire de la musique l'entrée dans le style romantique. Les formations instrumentales et vocales sont de plus en plus importantes. Les compositeurs vont varier de plus en plus leurs nuances et leurs tempi, passant par de grands crescendos et rubatos expressifs et explorant les extrêmes inverses (du pianissimo au fortissimo). Les œuvres vont être de plus en plus longues dans leurs développements lesquels vont explorer de plus en plus de modulations. La musique à programme devient un genre à part entière qui permet de construire une œuvre instrumentale d'après la suggestion du déroulement d'une histoire. La littérature fantastique et la prouesse virtuose sont de puissants moteurs de création.
Hector Berlioz (1803 - 1869)
![]() Hector Berlioz | Hector Berlioz (1803 - 1869) est un compositeur français qui ouvre et symbolise tant le Romantisme que l'attention très française portée au choix des timbres (couleur, émotions qu'ils suscitent). On lui doit un grand Traité d'Instrumentation et d'Orchestration dans lequel le son de chaque instrument est très précisément caractérisé. Ayant écrit un certain nombre d’œuvres vocales (opéras, œuvres chorales, mélodies françaises, un Requiem), Berlioz a aussi composé plusieurs symphonies et se trouve être à l'origine de la Symphonie à programme (genre instrumental prenant appui sur l'illustration d'un texte que la musique pure traite comme un argument). La Symphonie fantastique sous-titrée "Épisode de la vie d'un artiste" est la 1ère production de ce genre. |
Analyse
Hector Berlioz écrit cette symphonie à l'âge de 26 ans, à la suite d'un coup de foudre éperdu pour l'actrice Harriet Smithson par qui il avait vu jouer le personnage d'Ophélie dans Hamlet de Shakespeare. Le programme qu'il conçoit pour écrire sa musique est donc directement lié à cette émotion puissante qu'il ressent. L'histoire que vont raconter les 5 mouvements de cette œuvre d'un nouveau genre, sans jamais faire entendre la moindre parole, est celle d'un artiste musicien follement amoureux et qui, en proie à la douleur de cet amour sans retour, décide d'absorber une dose d'opium qu'il pense mortelle. S'ensuit un délire qui le mène jusqu'aux portes de l'enfer. Au fil des 5 mouvements de l’œuvre, la bien-aimée apparaît sous la forme d'un thème récurrent qu'on appellera alors "Idée fixe"[2].
Ce thème se présentera avec différents caractères : de doux et plein de séduction inaccessible, il évoluera vers une déformation grimaçante dans le dernier mouvement de la Ronde de Sabbat.
Le 2e mouvement entendu ici se décompose en :
- une introduction (l'arrivée de l'artiste dans la salle de bal) : l'auditeur semble passer de la nuit extérieure à la lumière et la fête intérieures
- la valse : ce sera le refrain de cette partie (la valse, genre dansé né avec le Romantisme, est le symbole de la danse amoureuse pour l'époque).
- l'apparition de l'idée fixe au hautbois, thème de la bien-aimée : ce thème vient rompre le rythme du bal. Isolé par un jeu de contraste de masses, de tempi, de timbres, de nuances, ce thème, telle une véritable apparition, semble projeter notre héros dans un univers parallèle à celui de la salle de danse. Le thème est au premier plan, devant la valse rejetée en fond sonore.
- une transition puis le retour de la valse avec des cordes qui paraissent au début rythmiquement déphasées, comme si l'artiste était encore tout étourdi de sa vision.
- une nouvelle transition en accelerando
- le retour de l'idée fixe : l'artiste voit à nouveau sa bien-aimée dont la mélodie s'exprime cette fois à la clarinette, instrument souvent utilisé pour exprimer la nostalgie du souvenir.
- une coda présentant l'accélération finale de la valse : la bien-aimée s'enfuit et la foule des danseurs achève sa chorégraphie dans un ultime tourbillon laissant l'artiste dans la confusion et l'étourdissement de ses émotions.
Extrait du 5e mouvement : l'idée fixe s'entend à la clarinette (1'33) ; son motif semble ricaner et précède l'arrivée du Dies Irae
Complément : En écouter plus
Du même compositeur, voici une œuvre vocale pour soliste et orchestre appartenant au genre de la Mélodie française[3] :
Du même compositeur, une œuvre sacrée consacrée à la mort : le Requiem[4], impliquant une très grande formation orchestrale, ce qui est l'une des caractéristiques du Romantisme.
Un opéra à sujet fantastique ayant marqué le début du Romantisme :