Au XIXe siècle , les transcriptions d'opéras ou d'œuvres orchestrales pour piano à deux ou quatre mains sont nombreuses. Elles ont d'abord un rôle utilitaire, celui de diffuser les œuvres auprès d'un public qui n'a pas forcément la possibilité d'aller souvent au concert. Dans les foyers qui ont un piano, on découvre ainsi les Symphonies de Beethoven, par exemple, en les jouant à quatre mains sur le piano du salon.
A la même époque, on écrit aussi beaucoup de compositions qui n'ont pas cet objectif utilitaire de vulgarisation. Dans ces œuvres qui ont pour noms "transcription", "fantaisie", "réminiscences" etc. le compositeur s'approprie le matériau thématique d'un autre pour créer une nouvelle composition de forme libre. Les paraphrases d'opéras rencontrent souvent un grand succès car le public y reconnaît avec plaisir les airs qu'il a apprécié au théâtre. Beaucoup de pianistes virtuoses contribuent au genre avec des réussites diverses. A titre d'exemples, on entendra ci-dessous un extrait de la Fantaisie sur des thèmes de Norma (1834) de Sigismund Thalberg (1812-1871) qui fut un temps le pianiste virtuose rival de Liszt (1811-1886). De ce dernier, les Réminiscences de Norma (1841) sont une œuvre beaucoup plus aboutie. Chaque air retenu de l'opéra est très bien amené, le piano se transforme en véritable orchestre. On appréciera au passage la virtuosité nécessaire à la bonne exécution de cette pièce ...
Au XXe siècle, plus personne ne compose de paraphrases sur des thèmes d'opéras. Le disque se charge de répandre la musique dans les foyers et, sans doute la production contemporaine d'opéras s'y prête t-elle moins. Il faudra attendre 1986, centième anniversaire de la mort de Liszt pour qu'on redécouvre un genre oublié et quelque peu méprisé, celui de la paraphrase d'opéra.
Pour autant, les airs d'opéra sortent tout de même de leur cadre habituel. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, on s'est orienté de plus en plus vers une société de consommation où tout ce qui peut aider à vendre est bienvenu avec pour corollaire le développement de la publicité. On y retrouve de manière inattendue des airs d'opéras, sensés aider à la promotion de produits aussi divers que le café ou le parfum. On verra dans les exemples ci-dessous que la musique de Bellini n'est plus qu'un faire valoir probablement destiné à donner aux produits mis en avant une connotation de raffinement.