L'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers fut publiée sous la direction de Denis Diderot entre 1751 et 1772. Cette entreprise de diffusion du savoir, la plus grande jamais réalisée jusqu'alors en France, est une synthèse des connaissances de l'époque, traitant tous les sujets. Pour l'aider dans cette entreprise colossale -l'Encyclopédie comprend plus de 71 000 articles répartis en 17 volumes de texte et 11 volumes d'illustrations- Diderot fit appel au mathématicien d'Alembert, qui supervisa les articles scientifiques et à de nombreux autres rédacteurs que l'on appela les "encyclopédistes". Dans le domaine de la musique, Voltaire obtint la collaboration du philosophe Jean-Jacques Rousseau.

Très vite, l'Église exprima son opposition à une entreprise qu'elle estimait dirigée contre la morale chrétienne, car quand on peut décrire et expliquer le monde par la connaissance, l'idée que Dieu est à l'origine de tout, est battue en brèche. La diffusion auprès du plus grand nombre d'un savoir libéré de tout préjugé et de toute superstition ne pouvait que heurter les autorités religieuses et leur faire craindre une perte d'influence.

Malgré le prix élevé des volumes, le succès de la publication fut tel qu'on la réimprima hors des frontières, notamment en Suisse et en Italie. Ces éditions plus ou moins proches de l'original permirent une diffusion encore plus large des idées de l'Encyclopédie. Une nouvelle Encyclopédie parut en 210 volumes entre 1782 et 1832, l'Encyclopédie méthodique de Charles-Joseph Panckoucke. On peut constater en comparant les articles sur la clarinette les progrès réalisés par la facture instrumentale pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Dans le Tome III de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, publié en 1753, la définition est lapidaire : CLARINETTE, s. f. (Luth.) sorte de hautbois. Voyez Hautbois.

Dans le quatrième tome de l'Encyclopédie méthodique de Charles-Joseph Panckoucke publié en 1785, l'article consacré à la clarinette est beaucoup plus long. On remarque que moins de 10 ans avant que Mozart n'écrive son Concerto pour Clarinette, l'instrument que connaît le rédacteur est encore très rudimentaire. Il apprend au moment où il écrit son article que des clarinettes permettent de jouer dans toutes les tonalités et comportent six clés : "Dans le temps que je faisais cet article, il passa par Berlin un musicien qui jouait d'une clarinette à six clés, sur laquelle il exécutait tous les modes. On a déjà remarqué combien les quatre clés causent de difficulté ; ce doit être bien pis avec six."

Cet instrument n'est certainement pas celui auquel Mozart a destiné son concerto.

Tablature de la clarinette dans l'Encyclopédie méthodique de Panckoucke.