Le XVIe siècle marque la sortie de dix siècles de lente évolution artistique mettant côte à côte art sacré (autour des productions liées à la pratique de la religion chrétienne) et art profane (en lien avec les différentes cours royales).

A la Renaissance, donc, l'Homme, et tout ce qu'il crée et conçoit, que ce soit sur le plan littéraire, artistique ou scientifique, est le centre d'intérêt de cette période, riche en inventions et en découvertes : la naissance de l'imprimerie (Gütenberg) qui révolutionne la diffusion des idées, la pensée que la Terre est ronde (Copernic, Galilée), la découverte de l'Amérique (Christophe Colomb), les inventions de Léonard de Vinci et toutes les machines qui en découleront... Cette quête du savoir donne naissance au courant de l'Humanisme, lequel dessine une confiance nouvelle en les capacités intellectuelles de l’Être humain.

Voler... Un grand fantasme antique (on se rappelle du mythe d'Icare, mort pour avoir voulu voler trop près du soleil, lequel fit fondre la cire qui retenait ses ailes à ses membres)... Voilà donc l'une des grandes préoccupations de Léonard de Vinci qui, nourri de nouvelles connaissances sur les lois de la physique, deviendra de plus en plus convaincu du fait que l'Homme pourra un jour s'élever seul dans les airs. S'appuyant sur son observation des oiseaux, il exécuta ainsi de nombreux croquis sur ce thème, préfigurant alors ce que devait être, quelques quatre siècles plus tard, nos machines modernes comme l'avion ou l'hélicoptère.

Ce tableau sur bois est une œuvre qui représente particulièrement bien l'état d'esprit de cette époque : il représente historiquement deux diplomates et hommes politiques français du XVIe, Jean de Dinteville et Georges de Selve (conquête donc des pays étrangers), appuyés sur un meuble où repose un certain nombre d'objets, symboles des connaissances humaines (un globe sur lequel apparaît le Nouveau Monde, un livre d'arithmétique évoquant les nouveaux outils de commerce et un livre de chants, un luth pour la musique, des cadrans solaires et un globe céleste), le tout mis en abyme avec l'idée de la mort inhérente à la condition humaine et ce, par la présence d'un crâne en anamorphose (déformation qui ne permet de percevoir la véritable image que sous un certain angle) afin de rappeler le côté éphémère de la vie (selon la mode en cours des Vanités)...