De la nature morte au "Ready made"
Si depuis l'Antiquité les artistes peignent et représentent des objets inanimés, donnant lieu notamment à partir du XVIe siècle au genre de la Nature morte, au XXe siècle, l'objet devient source d'inspiration en tant que réservoir de formes épurées, ouvrant sur l'univers de la perception purement spatiale et abstraite, capable de toutes les déformations ou de tous les détournements possibles.
Du Cubisme au Pop Art en passant par le Bauhaus, les Surréalistes, les Dadaïstes, et l'Art cinétique, l'objet est utilisé pour lui-même et/ou décliné en formes, couleurs, jeux de lumière et de mouvements à l'infini. L'intérêt n'est plus le sens, mais ce qu'il permet de composition dans l'espace et d'interrogation de l'Art. Comme pour le son, les artistes utilisent l'objet de tous les jours comme élément de composition à part entière.
QUELQUES ŒUVRES INCONTOURNABLES
Guitare, journal et verre (1912) - collage de Pablo PICASSO Cette composition est réalisée à partir de papiers et journal (celui du 18 nov 1912) collés, de gouache et de charbon sur papier. Ici, le vieux papier est pris comme matériau et travaillé en stylisation (c'est-à-dire, pour une évocation ou représentation simplifiée de l'objet). La guitare est le prétexte de cette œuvre. |
Urinoir (1917) Ready Made de Marcel DUCHAMP Le Ready Made est un concept artistique dadaïste qui consiste à utiliser un objet de la vie quotidienne dont la fonction n'est absolument pas liée à l'art et de lui donner un statut d'objet à regarder, comme une œuvre d'art. L'idée du Dadaïsme (début du XXe siècle) est, par le biais de l'ironie touchant à l'absurde, de réfléchir sur la fonction même de l'art, mettant jusqu'ici à l'honneur par un travail soit-disant acharné, des situations et des représentations jugées esthétiques et dignes d'intérêt pour leur beauté. |
La Persistance de la mémoire (1931) - huile sur toile de Salvador DALI Dans cette toile surréaliste (dont le projet est de s'intéresser au monde du rêve et de ce qui est refoulé dans l'Inconscient), Salvador Dali souhaite faire transparaître sa peur de mourir. Il traduit cela à partir de cadrans de montres présentées comme ramollies, à l'image du camembert coulant qu'il venait alors de manger : persistance de la mémoire, appliquée de façon onirique à un objet sensé symboliser le temps qui passe. |
Mobile (série à partir de 1931) - Alexandre CALDER La série des Mobiles d'Alexandre Calder fait partie du courant de l'Art cinétique (né dans les années 1920) et qui repose sur une étude du mouvement. Le Mobile est en effet une œuvre en mouvement constant, au gré du souffle qui le fait bouger. Chaque petit objet le constituant prend alors une position dans l'espace qui, statistiquement, ne peut jamais être la même par rapport à lui-même et aux autres objets du Mobile. Chaque observateur du Mobile perçoit donc une œuvre globale qui ne sera jamais la même d'une fois sur l'autre, ni d'un observateur à l'autre. C'est l'introduction du hasard, de l'aléatoire dans l'Art, ce qui se traduira en musique et en littérature par le concept de l'Oeuvre ouverte (cf: Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau ou encore Stimmung de Karlheinz Stockhausen) . |
The typewriter (1931)
Concerto pour machine à écrire et orchestre de Leroy Anderson
Tête de taureau (1942) - assemblage de Pablo PICASSO Pour cette tête de taureau, Pablo Picasso a utilisé et assemblé simplement une selle et un guidon de vélo. Le résultat est immédiat, d'autant plus si l'on se place dans le contexte de l'Espagne dont c'est l'un des grands symboles ! |