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ORFEO

01 Arezzo - Ut queant laxis

RappelExtrait n°1

FondamentalLe Moyen-Age

Au Moyen-âge, la musique sacrée[2] liée au rite chrétien est représentée par le Chant dit "grégorien", du nom du pape Grégoire 1er (VIe s.). Mais en réalité, c'est à l'action conjuguée de Charlemagne et de Chrodegang de Metz durant le VIIIe s. que l'on doit l'unification des différentes formes de chants religieux (le vieux chant romain et le chant gallican) en un seul répertoire pour tout le royaume : le chant grégorien. A cette époque, la voix est le moyen privilégié pour communiquer avec Dieu et les instruments sont interdits dans les églises : en effet, si la voix est un "instrument" créé par Dieu, et donc digne de communiquer avec lui, l'instrument est la création de l'homme et donc trop imparfait pour être entendu par la divinité concernée.

Guy d'Arezzo (v.992 - v.1050)

Moine bénédictin italien, Guy d'Arezzo est connu pour le rôle majeur qu'il eut dans l'évolution de la notation musicale sur portée et la dénomination de nos notes de musique qui, selon le système antique, étaient encore, à cette époque, désignées par les lettres de l'alphabet (système toujours en vigueur aujourd'hui chez les anglo-saxons et les allemands).

C'est en constatant la grande difficulté éprouvée par les moines pour retenir les différents chants, alors transmis uniquement de manière orale, que Guy d'Arezzo a l'idée de concevoir un système de notation permettant ainsi d'éviter la déformation des mélodies.

Analyse

Éléments sur l’œuvre :

- Répertoire : savant / sacré[2]

- Formation : chœur d'hommes a cappella

- Écriture : monodique (chant à l'unisson)

- Langue : latin (toutes les prières du culte chrétien sont en latin sauf le Kyrie eleison qui est la seule prière en grec de la Messe)

- Traduction :

ut --> afin que

famuli tuorum --> tes serviteurs

queant resonare --> puissent chanter

laxis fibris -> à gorges déployées

Sancte Iohannes --> Saint Jean

Solve reatum --> ôte le péché

polluti labii -> de leurs lèvres souillées.

- Métrique : non pulsée (le rythme de la mélodie est uniquement dicté par la rythmique naturelle de la langue latine en longues et brèves)

- Forme : en versets (ce qui équivaut plus tard à la forme strophique : la musique se répète, mais les paroles changent)

- Genre : chant grégorien

Grégoire Ier dictant un chant (illustration du XIème siècle)
Grégoire Ier dictant un chant (illustration du XIème siècle)
Partition de Ut Queant Laxis en notation médiévale : notes carrées écrites sur portées de 4 lignes
Partition de Ut Queant Laxis en notation médiévale : notes carrées écrites sur portées de 4 lignes

L'hymne à St Jean Baptiste[1] est donc le chant sur lequel Guy d'Arezzo s'est appuyé pour proposer son nouveau système de notation. Pour ce faire, il a utilisé les premières syllabes de chaque vers composant le texte de l'Hymne (écoutez bien le début de chaque phrase et vous entendrez qu'on monte d'une note à chaque fois) :

Ut queant laxis

Resonare fibris

Mira gestorum

Famuli tuorum

Solve Polluti

Labii reatum

Sancte Johannes

Chacune de ces syllabes correspondait musicalement à un degré différent et s'est donc trouvée associée à chaque hauteur constituant 6 notes de notre future gamme de Do (on notera que le Do s'est d'abord appelé "Ut" et que le Si n'existait pas car il représentait à l'époque le "Diabolus in musica[4]" (le diable en musique).

Le Do remplacera « Ut » au XVIe s, car la syllabe se terminant sur une voyelle (o) est plus chantante que la syllabe se fermant sur une consonne (le t de ut). Le Si sera ajouté à la même époque et résultera de l'association du « S » de Sancte et du « J » (= i dans l'écriture ancienne) de Joannes.

ComplémentEn écouter plus

Chant grégorien (Moyen-âge) = Dies irae issu du Requiem[5] d'origine

Dies irae, extrait de la Messe de Requiem, chant grégorien

Dies irae dans une œuvre profane : seule le thème est utilisé et se trouve transformé pour servir une histoire racontée par une œuvre à programme[6]

5ème mouvement de la Symphonie fantastique (1830), Hector Berlioz
La danse macabre (1875), Camille Saint-Saens

Dies irae dans une bande originale de film : comme dans la Symphonie de Berlioz, le compositeur utilise la mélodie du Dies Irae en valeurs longues.

Demolition man (1993),Elliot Goldenthal
  1. Ut queant laxis
    Ut queant laxis
  2. Sacré

    qui a un lien avec une religion. (contraire de profane)

  3. Langue d'Oïl

    A l'époque médiévale, la langue d'Oïl est parlée dans le Nord de la Gaule, puis de la France (elle devient peu à peu notre Vieux français), alors que dans le Sud, la population utilise la langue d'Oc.

  4. Diabolus in musica

    En musique, au Moyen Âge, le Diabolus in Musica (littéralement, « le diable dans la musique ») était le nom donné à la présence d'un intervalle de trois tons (aujourd'hui appelé triton). Cet intervalle de quinte diminuée ou quarte augmentée, engendre une attente ou tension pour l'auditeur, contrairement à une quarte ou une quinte juste qui produit un effet conclusif et apaisant appelé aussi résolution.

  5. Requiem

    (genre) Dans la religion chrétienne, le Requiem est la messe que l'on célèbre pour les défunts (morts).

  6. Programme

    - Une œuvre à programme est une œuvre instrumentale, non destinée à la scène, et qui ne comporte ni texte, ni parole, mais dont la composition est guidée par l'écriture d'une histoire. Cet écrit s'appelle un "programme". A ne pas confondre avec l'argument d'un ballet.

    - Une notice de programme est un paragraphe explicatif précédant la partition d'un poème symphonique.

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